Perdue.
Tout va si vite. Je ne sais plus vraiment qui je suis et qui je veux être. Je sais seulement qui j'ai été et je crois qu'il fallait repartir de là.
La quiétude, moi, je la trouve dans la solitude. Personne ne me comprend vraiment. Je me rends compte que pour la majorité d'entre toi, partir seule, pendant plusieurs jours, est complètement impensable. La solitude me sauve, la solitude me ressource, la solitude m'oblige à regarder le monde qui m'entoure, à sortir de ma zone de confort, à être celle que je suis, totalement brute et sans à priori. Dans un environnement inconnu je pourrais être mille personnes et m'inventer mille vies, mais j'en profite pour faire le vide et essayer d'être juste Amélie.
Je suis partie quatre jours dans un petit coin de paradis, quelque part entre la Creuse et le Berry. J'avais réservé ce séjour depuis un bon mois déjà, refusant de rester toute seule à la casa. J'avais tellement hâte, de reposer mes neurones, de souffler. J'ai dit à Nino que j'avais besoin de vide. Bien sûr, il n'a pas compris. Je lui ai alors dit que j'avais surtout besoin de "rien". Une envie irrépressible de ne rien avoir à faire, rien avoir à penser, une envie de s'alléger... le comble du luxe en somme.
Le lieu? J'ai choisi un endroit où les quadrupèdes seraient plus nombreux que les bipèdes. Je ne voulais croiser que des arbres et des animaux. Je voulais seulement entendre l'herbe pousser et le bruissement des ruisseaux. (C'était sans compter sur la petite ambiance de savane offerte par le rut de quelques taureaux...)
J'ai trouvé une chambre d'hôtes dans un ancien moulin, blotti à la fin d'un joli chemin. Là-bas, on parle anglais aux poules, aux chats et au chien; mais on accueille en français, les petites nanas un peu paumées, avec le sourire, un joli accent anglo-saxon et une tasse de thé. Dans ma chambre, la vieille pierre gardait le frais, mais également cette odeur si familière qui régnait dans le moulin de ma grand-mère. Et puis cette jolie coiffeuse, posée là, comme celle que j'aurai bientôt à la casa. C'était ici que je devais être, je m'y suis tout de suite sentie chez moi.
Ces quatre jours sont passés à une vitesse fulgurante. Je ne voulais pas rentrer, je ne voulais ni retrouver mes amours, ni mes soucis. Je voulais faire durer cette pause qui semblait être salutaire. J'ai pris le temps, de lire, d'écrire, de courir, de découvrir, mais aussi de manger, de boire, de me reposer et de m'extasier. J'ai maudit les moustiques le soir, les tiques dans les sous-bois, la nuit qui tombait trop vite, mon gps qui s'était trompé mille fois. J'ai ronchonné un peu, je me suis émerveillée beaucoup, comme une enfant et ça m'a fait un bien fou.
Le retour a été prématuré. Je savais que ces quatre petites journées seraient bénéfiques mais qu'elles ne suffiraient pas à tout effacer. Je ne suis pas revenue toute neuve. Je suis revenue à mes débuts, à mon amour pour les choses simples, à ma passion pour les petits bonheurs, à cette philosophie que j'ai adopté toute petite et que j'avais laissé un peu de côté. J'ai lu et j'ai vu, qu'en 2017, on pouvait nommer cette façon de vivre "hygge" ou encore "slowlife". Appelez ça comme vous voudrez, avec un mot encore plus exotique et qu'on aura encore plus de mal à prononcer, mais ne perdez pas trop de temps à lui trouver un nom, perdez du temps pour le vivre à votre façon.
Je ne me suis pas encore rassemblée, mais à force de me chercher, j'espère me retrouver.
P.S. Si vous voulez l'adresse de Doreen et de Geoff et manger des pancakes aux oeufs frais au petit déjeuner, n'hésitez pas à me la demander!
P.S. Si vous voulez l'adresse de Doreen et de Geoff et manger des pancakes aux oeufs frais au petit déjeuner, n'hésitez pas à me la demander!